C’était franchement trop bizarre ce qui venait de se passer. Aussi, je me demandais qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Ca devait surement être à cause de l’alcool. Franchement, je ne voyais que ça. Non parce que qu’est-ce qui aurait pu pousser ma frangine à vouloir m’embrasser ? Nous étions comme frère et sœur et ça aurait été malsain de faire un truc comme ça. C’était un peu de l’inceste. Enfin, un peu… c’était vite dit, c’était même de l’inceste à l’état pur, même si Lily et moi n’avions aucune goutte de sang en commun. J’ouvris la bouche de surprise quand elle supposa que c’était parce qu’elle était laide.

« Mais… Mais non ! Enfin Lily, t’es pas repoussante ! C’est même… tout le contraire ! » répondis-je.

Je ne pouvais pas m’empêcher de la détailler légèrement en disant ça. Bah quoi ? Lily était très loin d’être repoussante. Elle était même très attirante (forcément puisqu’elle était le contraire de repoussante). En tout cas, j’étais content de la femme qu’elle était devenue. J’aurais été déçu si j’avais retrouvé quelqu’un d’autre. Enfin… j’aurais adoré Lily de toute façon, qu’elle ait des lunettes ou des défauts. Mais je devais bien avouer que j’étais assez subjugué par sa beauté. Elle était encore plus belle que lorsqu’on avait 14 ans. Je crois que Lily n’avait jamais été aussi belle.

J’arquai un sourcil quand elle évoqua Angélique la Marquise des Anges. Je me souvenais plus que bien de ces films là parce qu’on les regardait en cachette sous le lit de la doyenne de l’orphelinat. Ainsi donc, un garçon l’avait comparé à cette fille blonde ? Et bah ma foi, il y en avait qui ne se refusait rien. Je regardais sa main qu’elle me tendait, attendant tranquillement. Et bah… Mais avec un léger sourire en coin, je lui pris délicatement la main et je lui embrassais. Si j’avais été debout, je me serais largement bien incliné pour lui faire une révérence, mais bon, comme nous étions assis, je n’allais pas me lever pour ça parce que sinon, on allait nous regarder de manière étrange.

« Si je peux me permettre, t’es quand même cent fois mieux que la vraie Angélique. Et ça, je suis sur que ce garçon ne te l’a pas dit. Pourtant, il aurait du ! »

Je n’étais pas du tout jaloux de ce garçon là. Au moins, nous étions d’accord pour dire que Lily était belle. Au moins, on le reconnaissait !

Je ne trouvais pas que c’était chou, c’était surtout la vérité quand je disais que Lily n’était pas repoussante, mais que c’était le contraire. Enfin bon, j’avais toujours dit la vérité à Lily donc du coup, voilà. Si elle me demandait si je la trouvais jolie, j’allais lui répondre que oui et la vérité à chacune autre de ses questions. Mais si elle me trouvait « chou » je ne pouvais qu’en être content, non ? En tout cas, moi j’étais bien content de voir que rien n’avait changé entre nous. Notre relation était toujours la même malgré la distance qu’il y avait eu et aussi, Lily était toujours sensiblement la même. Moi aussi, j’avais l’impression d’être toujours le même, mais bon, je ne pouvais pas trop l’affirmer non plus parce que je n’avais pas un esprit très critique là-dessus. Ma meilleure amie serait la seule apte à dire si j’avais changé ou pas et comme jusqu’à présent elle me disait que ce n’était pas le cas, et bien je ne pouvais que la croire.

« Si tu le dis » répondis-je.

Par contre, s’il y avait quelque chose qui avait changé chez Lily c’était son égo qui était devenu surdimensionné ! J’ignorais totalement qui était ce type, mais pas contre, avec ces « marquise », il lui avait gonflé l’égo. Je ne pus m’empêcher de rire quand elle déclara qu’elle était ma reine. Ben voyons ! Je savais bien sur qu’elle plaisantait, mais bon, ça faisait toujours un effet « Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? » Je pris une nouvelle gorgée de bière et constatais que je venais de la terminer. Bon bah tant pis ! Y’en a plus !

« Mais bien sur, sa Majesté ! Je suis votre humble servant ! »

Je n’avais pas eu trop le temps de réfléchir au pourquoi du comment, mais avant que je n’aie le temps d’analyser, j’étais déjà debout avec une Lily qui me tirait par le bras. Maiiiis… Avant que je n’ai pu dire quoi que ce soit, on se retrouva dans sa voiture et ma meilleure amie avait déjà mis le conteur.

« Attend… On est partis sans payer ! » m’exclamais-je.

Même si j’avais un air un peu choqué au début, il disparut bien vite quand un sourire vint éclairer mon visage.

« Aller, met les gaz avant qu’on passe la nuit en cellule ! J’ai envie de garder un bon souvenir de ma première nuit à New York ! »

Il y avait mieux que de passer la nuit dans une cellule. Personnellement, je préférais la passer chez Lily ou ailleurs, peu importait, mais dans un commissariat… Ce n’était pas le top !

« Dis donc, tu m’avais caché que tu étais devenue une délinquante ! »

Je n’en revenais pas… On ne pouvait pas dire que mon arrivée à New York était monotone avec un truc pareil ! Ce n’était pas tous les jours qu’on faisait un truc comme ça. N’empêche que si on se faisait attraper, on était un peu marron et bon pour aller au commissariat pour y passer la nuit. Et comme je n’y tenais pas tellement, j’avais demandé à Lily de mettre les gaz avant qu’on nous poursuive ou qu’on relève sa plaque d’immatriculation.

« Comment veux-tu que ça me choque ? On a volé des bouteilles d’alcool donc qu’est-ce que deux verres ? La prochaine fois, préviens moi quand même la prochaine fois ! »

Je n’allais pas gueuler sur ça ! On avait fait pire, théoriquement. D’ailleurs je me demandais comment on avait fait pour ne jamais se faire attraper parce que quand même, c’était évident qu’il n’y avait que Lily et moi pour faire ce genre de conneries. On avait fait les quatre cents coups ensemble et à chaque fois qu’il y avait un truc qui ne tournait pas rond, c’était certain que c’était nous. C’était obligé. En même temps, il fallait bien s’occuper pendant les journées. Même en classe, on dormait… Enfin bon, c’était des excellents souvenirs tout ça ! Lily et moi, c’était le couple infernal et c’était toujours le cas, même après six ans. C’était ça qui était formidable. Nous n’avions rien perdu et honnêtement, c’était ce que je redoutais, mais je n’avais plus à m’en faire maintenant !

Nous étions de nouveau sur la route, nous éloignant du bar et je jetais tout de même un œil derrière nous pour voir si on ne nous poursuivait pas. Et il s’avérait que non. Cool ! S’il fallait, ils n’avaient absolument rien capté… Pourtant, ça ne devait pas être si rare que ça les trucs dans ce genre… Ou alors, ils ne faisaient plus gaffe à force. C’était possible aussi. Enfin toujours était-il que nous étions tranquilles. Je n’avais pas pu m’empêcher de traiter Lily de petite délinquante pour ce qu’elle avait fait. C’était de la plaisanterie, bien sur, mais ça correspondait parfaitement à ce que nous venions de faire.

« Il en faut plus que ça pour me choquer ! »

Quand même ! Du haut de mes vingt ans, j’en avais quand même vu des trucs donc ce n’était pas au premier truc illégal que j’allais tomber en syncope ! Je n’étais pas la directrice de l’orphelinat. Je me souviendrais toujours de sa tête quand Lily et moi nous nous étions échappés de l’orphelinat pour la journée afin d’aller nous acheter des bonbons. On était entré dans la première boulangerie puis on s’est vite rendu compte que nous n’avions pas d’argent. Du coup, nous avions voulu les voler, sauf que le boulanger nous était tombé dessus et avait appelé les flics. Je reverrais toujours la tête de la directrice quand ils nous ont ramené à l’orphelinat. J’avais sérieusement cru qu’elle allait s’évanouir d’une minute à l’autre. Comme punition, nous avons été de corvée pendant toute une semaine, sauf que même pendant les corvées qui étaient censées être des punitions, on ne faisait que s’amuser quand même.

Même si l’orphelinat c’était plutôt péjoratif pour des enfants parce qu’on avait tendance à dire : « oh les pauvres… C’est vraiment nul pour eux de ne pas avoir de parents », et bah moi, je m’étais plutôt bien marré et je ne regrettais pas mon enfance passée là-bas. Bien au contraire. J’avais limite envie de dire : « Venez, on se marre bien ! ». Mais bon, malgré ça, avoir des parents ça pouvait être sympa aussi. Enfin, personnellement, je ne savais pas trop. Lily le savait mieux que moi et elle ne s’en était jamais plainte donc c’était que quelque part, ça pouvait être pas mal. Mais ce n’était pas à mon âge qu’on allait m’adopter. A moins d’être une personne très âgée et d’avoir absolument besoin d’un héritier à qui léguer sa fortune. Mais ce n’était pas à moi que ce genre de chose allait arriver.

Finalement, au bout de quelques minutes, nous arrivâmes devant un portail que Lily ouvrit grâce un bip automatique. C’te classe ! Rien à voir avec le studio dans lequel j’avais habité ces deux dernières années où on galérait dans le rue pour trouver une place. Ca c’était cool ! Je restais légèrement ébahi par tout ça. Bon, je n’avais pas non plus la bouche ouverte avec le filet de bave ni les yeux ronds, mais je regardais tout de même un peu avec curiosité. On pouvait dire que Lily avait plutôt bien réussi dans sa vie. Une fois la voiture garée, je sortis du véhicule et suivis ma meilleure amie jusqu’à l’ascenseur. Je la vis appuyer sur un bouton avant qu’elle ne me demande si j’avais la trouille. Ah ! Ah ! Ah ! N’importe quoi !

« Des tortures ? Huuuum, si c’est toi qui fais la torture je pense que ça pourrait être agréable » répondis-je avec un grand sourire qui voulait absolument tout dire. « Mis à part ça, ça m’étonnerait qu’un bunker ait une façade aussi propre et aussi moderne. Ce n’est que mon humble avis d’habitant de Phoenix. »

Si je devais craindre quelqu’un, c’était clair et net que ce ne serait pas Lily. Pourquoi ? Parce que je la connaissais trop bien pour ça. Nous avions tout de même grandi ensemble et même si nous avions été séparés pendant six ans, on ne pouvait pas changer tant que ça. Enfin, c’était certain que ma meilleure amie avait dû changer sur certains points tout comme moi j’avais dû changer car nous avions tout de même grandi, mais il ne fallait pas oublier que nous nous étions quittés à l’époque où on commençait déjà à nous forger le caractère donc du coup, ça n’avait pas dû changer tant que ça. Et Lily était tout simplement incapable de faire du mal aux gens, j’en mettrais ma main à couper. Pour cette raison que j’avais dit que ses tortures ne pouvaient qu’être agréables.

Ma Lily me fit les gros yeux comme si je venais de la choquer avec mes propos et je ne pus m’empêcher de rire en voyant sa tête. Non mais sérieusement, pensait-elle qu’elle m’aurait avec une tête pareille ? J’espérais bien que non car je connaissais la quasi-totalité de ses mimiques et je savais quand c’était vrai ou faux. C’était le désavantage d’avoir un ami qu’on connait depuis la période couche-culotte car cet ami connaissait absolument tout. Personnellement, j’étais certain que si un jour je venais à lui mentir, elle le saurait à l’avance. Elle savait tout de moi et je savais tout d’elle ! C’était ainsi que ça fonctionnait, et nous n’y pouvions pas grand-chose en réalité.

« Ooooh ! Attention, je suis capable de me la jouer à la Tom Cruise et de m’échapper par la fenêtre avec mes gants ventouses que j’ai dans mon sac. »

Honnêtement, Lily était trop Lily pour avoir une déco à la gotique ! Et puis, elle porterait des vêtements en conséquence si c’était réellement le cas donc du coup, je m’attendais à une décoration qui refléterait exactement qui elle était et rien d’autre.
Enfin, nous arrivâmes à son étage et je la laissais passer avant de la suivre. On ne pouvait pas dire que le premier effet n’était pas celui escompté car je ne pus m’empêcher d’admirer un peu tout ce qu’il y avait autour de moi et je devais bien avouer que je trouvais ça extrêmement bien décoré. Et bah… Lily vivait la belle vie, elle ne pouvait pas le nier avec un appart pareil ! Même mon ancien studio faisait trèèèès minable à côté. Enfin, en même temps, on ne pouvait pas comparer un studio et un loft ! Un nouveau sourire vint se peindre sur mes lèvres quand je l’entendis continuer avec sa torture.

« Oh oui ! Je rêve que tu me fasses mal ! » répliquais-je.

Je frottais ma pauvre joue qui venait d’être pincée. Et dire que la pauvre n’avait rien demandé… Courage petite joue ! Ca va faire mal cinq minutes ! Je posais mon sac par terre, ne faisant pas attention à là où il se trouvait et regardais un peu autour de moi. Bah quoi ? Lily voulait que j’habite chez elle alors il fallait bien que je regarde, non ?

« Comme chez moi ? Mon dieu, tu sais pas ce que tu racontes là ! Si j’fais comme chez moi, tu vas me foutre à la porte illico presto ! »

Bon, je devais bien avouer que j’avais fait fort avec ma comparaison avec Mission Impossible, mais bon, c’était quand même un film culte et ça résumait plutôt bien ce que je ferais si jamais Lily venait à vouloir me punir. N’empêche que nous faisions quand même fort à parler de choses un peu sado-maso. Ce n’était pas du tout mon genre et je supposais que ce n’était pas celui de Lily non plus. Bon, après, je pouvais peut-être me tromper, hein ? Six ans sans se voir et n’avoir des nouvelles que via des lettres ou un téléphone, ça ne suffisait pas réellement pour tout connaître d’une personne, même si jusqu’à présent, je n’avais fait que constater qu’elle était encore sensiblement la même. Et c’était tant mieux. Je ne savais pas du tout comment j’aurais fait si j’avais eu en face de moi quelqu’un qui était physiquement ma Lily et psychologiquement une étrangère.

« On a tous une part d’enfant en nous même. Et heureusement parce que sinon, on se ferait chier ! »

Heureusement pour moi, je n’avais pas le syndrome de Peter Pan. Grandir ne m’avait jamais posé de problème. Au contraire, quand je m’étais retrouvé seul après le départ de Lily, je n’avais eu qu’une hâte, c’était de grandir. Comme quoi, tout le contraire de cet effet psychologique ! Par contre, il y avait un point qui pouvait se rapporter au syndrome de Peter Pan : être dépendant de quelqu’un… Là, j’allais être dépendant de ma sœur. Mais ce n’était pas pour autant que je le serais à vie. Tout cela n’était que temporaire ! Dès que je me serais un peu installé puis trouvé un boulot, j’allais tout de même faire ma dose de participation. Je n’étais pas encore l’homme macho qui disait que c’était aux femmes de tout faire. Non, nous avions évolué quand même, même s’il restait quelques hommes de Cro-Magnon qui n’avaient rien compris à la vie.

« Ah non pas Cendrillon ! Dieu ce que je l’aime pas celle-là ! Là, ce serait une punition de me transformer en elle… Et en Blanche-Neige aussi parce qu’elle est trop bête à avoir accepté de bouffer la pomme ! Puis… puis y’a la Belle au Bois Dormant qui est débile aussi… »

Remarquez quand même que ces trois-là, elles formaient un trio de débilité monstre ! Je n’avais jamais autant pesté devant un Walt Disney qu’en regardant ces trois-là. Et dire que c’était surtout elles qui faisaient rêver les petites filles… Tout en étant un garçon, j’aimais bien Belle, Pocahontas et Ariel. Mais les autres… Il fallait vraiment se les farcir ! Je détestais les soirées où celles qui s’occupaient de nous à l’orphelinat passaient ces Disney là. Ils n’avaient absolument aucune raison d’exister quoi ! Ils étaient trop… trop !

Je regardais Lily se diriger vers ce que je supposais être la cuisine étant donné que je venais de la voir se mettre la tête dans le frigo. Je refusais poliment la proposition de manger quelque chose. A dire vrai, j’avais déjà mangé et je n’avais pas particulièrement faim. On verra bien demain matin ! Je m’installais sur le canapé, attendant que ma meilleure amie ne revienne avec un bol rempli de céréales. Je la laissais s’installer et constatais que bah, même avant, on squattait tout un canapé à nous deux comme ça. Encore un truc qui n’avait pas changé. Franchement, c’était bon de sentir ça.

« T’as pas idée ! Bon, l’environnement n’est carrément pas le même, mais je t’avoue que ta présence m’a réellement manqué. »

Lily et moi étions totalement d’accord en ce qui concernait certaines princesses Walt Disney. Elle avait beau être une fille, elle avait toujours eu un avis assez similaire à celui qu’elle venait de sortir : la Belle au bois dormant était une abrutie ! Je haussais les épaules quand ma sœur se mit à me dire que j’y connaissais un rayon. Par contre, quand elle me parla de Raiponce, là, j’étais un peu largué… Je connaissais l’histoire de Raiponce et je savais que Walt Disney en avait fait un film, mais je ne l’avais jamais vu. Déjà parce que ce n’était plus trop de mon âge et aussi parce que si je me pointais au cinéma tout seul et que je demandais une place pour princesse Raiponce… beh on allait me regarder bizarrement !

« Pas vu le dessin animé, désolé. Mais je connais l’histoire, on nous a fait lire les frères Grimm. »

Quant à être enfermé… non, ça ne me disait pas trop. Je détestais ça en fait. Je n’étais pas claustrophobe, mais il fallait quand même que je respire l’air de dehors et on ne pouvait pas dire que Raiponce avait le droit d’y mettre son nez… ce qui était profondément problématique pour moi.

« Mmh… désolé, mais non. Celui qui veut grimper, il prend l’ascenseur. »

Et puis, ce n’était pas chez moi, mais chez Lily donc du coup, celui ou celle qui prendrait l’ascenseur viendrait pour la voir elle et pas moi. Moi, je n’étais qu’un invité donc bon… je me disais que c’était provisoire, juste le temps que je me trouve un boulot et tout. Je ne savais pas vraiment combien de temps ma meilleure amie allait me supporter aussi parce que même si on était collé tout le temps ensemble à l’orphelinat, nous avions grandi et évolué donc ce n’était plus sur qu’on se supporte comme avant. Enfin, pour l’instant, si, mais ce n’était que le début. Seul l’avenir nous le dira.

« Gossip Girl ? Qui c’est ça ? La gazette du coin ? » demandais-je complètement perdu.

Hé oui, il ne fallait pas oublier que je débarquais de Phoenix, du coup, il y avait quelques trucs qui m’échappaient. Mais mis à part ça, c’était sympa de sa part de vouloir m’intégrer à cette nouvelle vie qui s’offrait à moi. Il allait falloir que je fasse ma place si je voulais rester à New York et vivre une vie normale. Mais je pouvais compter sur Lily pour ça. Elle était douée dans ce domaine.

Par moment, je me demandais comment on pouvait arriver d’un sujet à un autre parce que là, on était carrément arriver sur un délire sur la Princesse Raiponce et rien que pour ça, Lily tenait absolument me voir avec les cheveux longs. En plus, manque de pot pour moi, j’étais blond alors forcément, ça filait des idées. Mais ça n’allait pas être pour moi, malheureusement. Déjà que parfois je les trouvais trop long, quand ils commençaient à pousser, alors si je devais avoir une chevelure qui descendait jusqu’en bas de l’immeuble… Ca n’allait pas être possible ! A moins de devenir fou mais comme je tenais à ma santé mentale, on allait laisser cette idée de côté.

« Oh je suis sur que non ! » répondis-je.

Elle pouvait me faire son coup de « l’Oréal parce que je le vaux bien », ça ne changerait rien. Je n’allais pas me laisser pousser les cheveux pour ses beaux yeux. J’étais peut-être prêt à beaucoup de choses pour ma meilleure amie, mais il y avait tout de même des limites à ne pas franchir. Alors les cheveux longs, ça faisait parti des choses que je ne ferais jamais. Enfin, heureusement tout de même que ce n’était qu’une façon de m’embêter un peu, comme elle l’avait toujours fait.

On en venait à parler d’une certaine Gossip Girl et je n’avais pas pu m’empêcher d’arquer un sourcil. C’était bien la première fois que j’entendais parler d’un truc pareil. Pour cette raison, je n’avais pas pu m’empêcher de demander un peu plus de détails et Lily accepta de me répondre après avoir posé son bol de céréales sur la table basse du salon. J’étais franchement surpris de ce que j’entendais. Comment une personne pouvait fouiller dans la vie des gens sans se faire pincer. Bon sang, mais c’était limite s’il ne fallait pas faire attention à qui on tapait la discute ici ?! Ca faisait quand même flipper, hein ?

« Pourtant, je suis sur qu’elle en aurait des trucs à raconter sur toi » annonçais-je pour la taquiner un peu.

Honnêtement, je pensais que c’était vraiment mieux ainsi. Je me faisais peut-être des idées un peu trop hâtive, mais si elle commençait à s’intéresser à Lily, cette Gossip Girl, elle allait s’y intéresser souvent… Je tombais quand même d’assez haut, je devais bien l’avouer, mais bon, je venais d’arriver à New York et de retrouver ma sœur de cœur alors je n’allais pas laisser Miss Gazette du coin me gâcher tout ça !

Lily se redressa pour venir s’asseoir à califourchon sur moi. J’arquais un nouveau sourcil en me demandant ce qu’elle pouvait bien faire, mais je ne pus m’empêcher de me mettre à rire en entendant ces paroles d’amour éternel. Oh je ne doutais pas de sa bonne foi là-dessus.

« Oh oui, moi aussi je le jure ma Lily Rose » fis-je en déposant un baiser sur sa joue avant de la serrer contre moi.

Lily ne changeait pas et ne changerait sans aucun doute jamais. Ca c’était cool ! C’était justement ce que j’espérais et j’avais eu raison. Ma meilleure amie restait celle que j’avais connue. Après, je ne savais pas comment j’aurais réagi en voyant qu’elle avait changé. Je ne l’aurais pas dénigré pour autant, mais bon, ça n’aurait peut-être pas été pareil… Enfin, la question ne se posait pas vu que ce n’était pas le cas. Tout était exactement pareil. A croire que pendant six ans, on avait toujours été l’un à côté de l’autre.

Sa folie n’avait pas changé. Je ne connaissais pas les gens qui l’avaient adopté, mais en tout cas, c’était cool qu’ils l’aient laissé rester celle qu’elle était. On m’avait souvent dit qu’une fois un enfant adopté, il fallait presque qu’ils deviennent comme eux l’exigeaient et tout. C’était une des raisons pour laquelle je n’avais jamais voulu qu’on m’adopte. J’étais moi et je voulais le rester. Pour rien ni personne au monde je changerai. Ou on m’acceptait pour ce que j’étais, ou on me laissait là où j’étais. Certains avaient essayé une fois que Lily était partie, mais à chaque fois j’avais mes choses au clair. Et quand certains acceptaient, je me disais tout le temps qu’ils paraissaient trop faux pour être vrais. Bref, du coup, j’étais resté orphelin et ce n’était pas plus mal.

« Je le savais que j’étais le seul à pouvoir faire de toi quelqu’un d’heureux » affirmais-je.

J’allais loin, hein ? Mais c’était comme ça avec Lily. Quand on était ensemble, on était les meilleurs, les plus beaux, les plus forts, personne ne nous valaient… bref, c’était notre délire. A l’orphelinat, on était un peu les « boss » étant donné qu’on était deux cas à part et qu’on amusait quasiment tout le monde par nos péripétie. On nous enviait presque. Tout ça c’était terminé quand elle avait été adoptée, bien évidemment. Mais bon, c’était la bonne époque, quoi !

Le temps avait défilé à une allure folle. J’avais l’impression que ça faisait à peine une heure que mon avion avait atterrit. Lily et moi avions tellement de choses à nous raconter que du coup, le temps avait filé rapidement. Maintenant que je la voyais bailler, je devais bien avouer que du coup, moi aussi j’étais crevé. Je n’avais peut-être rien fait dans l’avion à part attendre qu’il atterrisse, mais c’était un lourd voyage que j’avais entamé étant donné que je ne comptais pas retourner à Phoenix pour le moment. Peut-être que j’y retournerais un jour faire un tour, mais j’avais grandi et les événements m’avaient mené jusqu’ici.

Mon regard fut attiré par un tatouage sur la nuque de Lily. Aussitôt, un sourcil s’arqua. Et beh… Je ne m’attendais pas à ça. Enfin, ce n’était pas moche, mais inattendu. Elle ne m’avait jamais dit qu’elle s’était tatouée dans une de ces lettres. Un détail qui avait dû lui échapper, mais quand même, c’était quelque chose dont on ne se privait pas de raconter. Ou alors, elle avait eu peur que je le prenne mal…

« Tu n’as pas oublié de me dire un truc ? » demandais-je au hasard.

Enfin, au hasard… Vite dit ! Rien n’était fait au hasard !

« Beh si je prend ta chambre, tu dors où toi ? »

J’étais vraiment surpris que Lily se soit fait un tatouage et qu’elle ne m’en ait pas parlé. Après, je ne demandais pas à ce qu’elle me demande la permission parce que je n’étais pas son père, ni rien. Mais ça aurait été cool qu’elle me le dise dans une de ses lettres ou au téléphone… mais bon, tant pis, ce n’était pas grave. Je souris quand elle comprit de quoi je parlais. Enfin, je la soupçonnais de savoir déjà de quoi je parlais, mais bon, j’aimais bien jouer les sots de temps en temps.

« Il est sympa » répondis-je. « Mais tu t’es bien gardée de me le dire. T’as eu peur que je t’en empêche ? »

C’était assez original comme tatouage en tout cas. Enfin, j’apprenais quelques trucs en plus sur ma chère Lily. Elle avait changé depuis la dernière fois qu’on s’était vu et je ne pouvais pas le lui reprocher. Bien au contraire. Elle avait fait du chemin de son côté, tout comme moi j’en avais fait du mien. Et puis, je trouvais que ça lui allait plutôt bien. Ce n’était pas extrêmement voyant non plus donc on allait dire que ça passait. Ce que je n’aimais pas, c’était les trucs voyants et qui enlaidissaient la personne. Ca, je détestais et je me disais que cette personne aurait mieux fait de rester chez elle à chaque fois.

L’explication sur le pourquoi de ce silence était bien ce que je pensais : elle avait craint ma réaction. Je me demandais bien pourquoi. Et puis, oui, elle faisait ce qu’elle voulait de son corps. Enfin… pas trop quand même parce qu’il y avait des limites que même moi, je ne pouvais pas supporter. Bah quoi ? J’étais quand même son meilleur ami et après toutes ces années passées avec elle, j’avais quand même mon mot à dire, non ? Mais oui, mais oui !

« Bah tu as eu ma réaction, donc respiiiiiiiiiiiire ! » fis-je en riant. « Okay, tu fais ce que tu veux de ton corps, mais pas trop quand même, hein ? »

Bah quoi ? Je ne pouvais pas m’en empêcher. Lily était comme ma sœur, donc il fallait bien que j’agisse comme tel, non ? Et puis, elle me voyait aussi comme son frère donc… donc elle ne pouvait que comprendre ce que je disais par là. Je souriais donc en attendant sa réponse.

Par contre, il y avait une chose qui m’intriguait, c’était où Lily allait dormir. Elle disait qu’elle me prêtait sa chambre et son lit, d’accord, c’était cool de sa part, mais elle ? Je n’allais pas empiéter sur son territoire quand même. Du coup, je préférais demander où elle allait aller parce que je n’avais pas envie qu’elle soit expédiée ailleurs. Surtout qu’elle disait avoir une autre chambre qui était interdite. Et si c’était là-bas qu’elle voulait aller ? Mais pourquoi ne pas m’y envoyer moi ? Allez savoir. En tout cas, sa réponse me fit ouvrir les yeux un peu en rond. Ah ?

« Qui a dit que t’étais moche que je lui fasse comprendre la définition de ce mot ? » répondis-je toujours aussi amusé. « Okay d’accord, si tu y tiens, on partage la chambre. »

Ce ne serait pas la première fois qu’on dormirait ensemble, même si la dernière fois qu’on nous avait trouvé dans le même lit, c’était l’époque ou nous étions… innocents, dirons-nous, mais ce n’était pas parce que nous allions dormir dans le même lit que… bah qu’il allait se passer quelque chose. Au contraire. Après tout, l’amitié entre une fille et un garçon était possible aussi.