C’était fou cette sensation de revenir dix ans en arrière. Wow… dix ans en arrière… J’avais l’impression de parler comme un vieux… C’était flippant comme sensation. Je n’avais que vingt-cinq ans, par conséquent, je ne me sentais pas encore vieux, mais maintenant, je faisais parti des adultes… Quand Kathleen était née, je n’avais pas vraiment cette impression parce que je n’avais que vingt et un an à l’époque (encore un mot qui me ramenait en arrière). Maintenant, c’était différent. Je faisais parti des gens du deuxième âge… Wow, il faudrait que je parle de cette réflexion à Erika. A coup sur elle allait rigoler quand je lui raconterais. Elle pourrait. En tout cas, si c’était elle qui venait me parler de ça, à coup sur je me serais tapé un moment de rire. Enfin bon, je n’étais pas le seul à ressentir l’impression de me retrouver quelques années plus tôt. Carrie était toujours un peu plus jeune que moi, mais elle aussi avait connu les sorties à la fête foraine et les incalculables nombres de tours de manèges qu’on pouvait faire quand on était adolescent.

« On peut faire un autre manège et revenir après ? »

Enfin, c’était comme ça que j’avais toujours fait quand j’étais jeune. Ca y est, je reparlais comme si j’étais un vieux de quarante piges qui se souvenait de la belle époque… Il fallait que j’arrête avec ça, sinon, j’allais avoir des cheveux blancs qui allaient apparaitre.

« Y’a quoi d’autres qui te branche ? Je te préviens, moi je monte dans tout à peu près ! »

Je laissais Carrie choisir pour moi parce que j’étais incapable de faire un choix. J’étais plutôt du genre à aller dans tous les manèges l’un à la suite de l’autre.

Le retour à l’enfance, c’était toujours quelque chose de vachement impressionnant. Même moi je n’en revenais pas de la facilité avec laquelle j’étais retourné cinq ans plus tôt. Juste le temps de faire un tour de manège et voilà. Et le tour avait duré… quoi ? trois minutes environ ? En trois minutes j’étais revenu en arrière. C’était… vraiment très, très, très impressionnant. Il faudrait que je fasse vivre l’expérience à Erika. J’étais certain qu’elle allait adorer.

« Je te suis » fis-je lorsque Carrie me proposa un manège qu’elle adorait.

Après tout, nous étions là pour faire des tours de manège, non ?
La foule commençait à se faire un peu plus nombreuse que lorsque j’étais arrivé. Normal, l’après-midi s’écoulait. Si j’en croyais l’heure qu’affichait ma montre, la sortie de l’école était toute proche et on ne tarderait pas à avoir des enfants qui parcourront la fête foraine la bouche pleine de barbe à papa ou de sucre. D’ailleurs, cette image me faisait penser à Kathleen quand elle avait le bonheur de manger du chocolat. Elle en avait tout autour de la bouche.

Lorsque Carrie s’arrêta devant le manège qu’elle avait choisi, je levais les yeux pour le regarder. Ce que je vis me fit écarquiller les yeux et ouvrir la bouche stupidement. Je regardais ensuite mon amie avec un air qui disait clairement : « T’es sérieuse ?! » Je reportais mon attention sur le manège et suivais des yeux la boule qui montait et descendait encore et encore jusqu’à s’arrêter.

« Ecoute Carrie… J’ai déjà fait un saut comme celui-là en demandant Erika en mariage et déjà, rien que cette sensation, j’ai pas aimé. »

Je ne parlais pas de demander Erika en mariage, hein ? Je parlais juste de la sensation que j’avais eue. J’avais eu la pire trouille de toute ma vie lorsque j’avais pris la grande décision de lui demander. Pourtant, au début, je n’étais pas plus angoissé que ça, j’étais même super pressé. Mais quand c’était le bon moment… Ah beh ce n’était plus du tout la même sensation. J’avais eu mal au ventre tellement il était noué. Et le temps entre ma question et sa réponse… Hé bien j’avais eu l’impression qu’il s’était écoulé une éternité.

Je ne voulais pas vexer Carrie pour cette histoire de manège, mais là, c’était vraiment, mais alors vraiment, au dessus de mes capacités. J’étais un fan de manège, je l’avouais. J’avais quasiment tout fait, sauf ceux qui nous balançaient dans le vide et qu’à l’atterrissage, on pensait plus à la cuvette des toilettes pour gerber dedans le contenu de l’estomac. J’ignorais pourquoi, mais je faisais un sérieux blocage sur ce genre là. Et ça n’avait pas l’air de changer avec le temps et je doutais fort que même dans dix ans, ça ne changerait pas.
Je n’allais pas jusqu’à dire que j’avais la trouille du vide, parce que je n’avais pas du tout le vertige. Mais c’était plutôt la sensation d’avoir l’estomac dans la gorge qui me faisait un blocage. Je détestais cette sensation et je souhaitais la connaitre le moins possible.

« Je suis désolé, Carrie. Mais si tu veux le faire, y’a pas de problème, hein ? Je ne t’en empêcherais pas. »

Mis à part les manèges dans ce genre là, je pouvais absolument tout faire. Aucun ne me faisait reculer. Cependant, je ne voulais pas que Carrie se prive pour moi. Si elle tenait à le faire, je n’allais pas l’en empêcher. J’étais disposé à l’attendre pendant qu’elle faisait son tour. Surtout que la queue n’était pas très longue et que ce genre d’attraction ne durait pas trop longtemps. Juste le temps que la boule se stabilise et voilà, c’était fait.
Maintenant, moi j’étais disposé à choisir notre prochain manège, ce n’était pas un problème. Mais avant, je voulais savoir si elle tenait à le faire ou pas. Je ne voulais pas qu’elle m’en veuille de ne pas l’avoir accompagné ou qu’elle me reproche de ne pas avoir pu le faire uniquement parce que moi, je faisais un blocage dessus.

« Franchement, j’insiste, si tu y tiens, fais le, prend pas compte de moi uniquement, okay ? Je veux pas que tu me dises que c’est bon tu le ferais une prochaine fois juste pour me faire plaisir, d’accord ? »

Je voulais que les choses soient claires. Je n’accusais pas ma sœur de cœur de m’en balancer plein la gueule, étant donné qu’elle n’avait jamais eu à le faire jusqu’à présent, mais je ne voulais pas que ça commence non plus, donc je préférais tout dire avant qu’il y ait un souci ou quelque chose qui nous énerverait. Surtout que l’après-midi se déroulait super bien et que j’appréciais ce moment.

Je n’y pouvais rien si je m’en voulais légèrement de ne pas accompagner Carrie faire ce manège. Je n’étais pas du tout choqué par le fait qu’elle ait aussi la trouille de monter dedans. Au moins, elle avait le courage de monter dedans avec quelqu’un contrairement à moi qui, même accompagné, refusait carrément de monter. Bah les sauts dans le vide ce n’étaient pas mon truc, donc on ne pouvait pas trop me le reprocher non plus.

« D’accord, d’accord, je te crois, t’en fais pas » répondis-je.

Je voulais simplement être sur qu’elle ne serait pas triste de ne pas avoir pu faire ce manège. Carrie n’était pas du genre menteuse, c’était même tout le contraire car elle était une des personnes les plus honnêtes que je connaissais, mais elle était aussi capable de dire que ce n’était pas grave pour faire plaisir aux autres et prendre sur elle. C’était pour cette raison que je voulais être sur. Mais si ma sœur de cœur affirmait deux fois de suite que ça ne la dérangeait pas, c’était que ça ne la dérangeait pas. Au moins, maintenant, j’étais totalement sur qu’elle trouverait quelqu’un d’autre pour monter avec elle dans ce manège qui me rendait malade rien qu’à le regarder.

Il ne nous restait plus qu’à trouver un nouveau manège à faire. Ce n’était pas comme s’il en manquait car nous avions tout de même pas mal d’attraction ici. Donc il suffisait de regarder et de proposer celui qui nous plaisait le plus. Pour cela, nous nous remîmes à marcher afin que je puisse trouver un manège que nous pourrions faire. Globalement, j’étais ouvert à tout, mais autant faire quelque chose qui changeait un peu de d’habitude.
Nous passâmes devant le manège hanté et entendre les cris des personnes qui étaient encore en plein dedans fit que je m’arrêtai pour regarder mon amie avec un sourire.

« Tu penses quoi du manège hanté ? »

Personnellement, ça m’avait fait toujours rire d’entrer là dedans et de voir les pantins ou bien même des gens déguisés en monstre entrain d’essayer de faire peur aux gens. Bien souvent, j’étais le seul à me marrer au point d’en pleurer. Je me souvenais de la tête de Chace quand il était ressorti de là-dedans et ça m’avait fait rire pendant une semaine.

Je ne m’étais pas vraiment rendu compte que je traçais un peu trop vite ma route pour trouver un manège à faire. Je savais qu’ils n’allaient pas s’envoler dans la seconde, mais j’avais marché vite sans vraiment le vouloir. Bref, je m’étais senti légèrement honteux quand Carrie me percuta au point de tomber par terre. Quand je me tournais pour voir ce qui m’était entré dedans, je m’étais un peu figé en voyant que c’était ma sœur de cœur.

« Oh merde ! Je suis désolé ! »

Je l’aidais à se remettre sur ses deux jambes. Si j’avais pu me gifler, je l’aurais fait, mais bon. Même si Carrie ne regardait pas où elle allait, c’était un peu de ma faute étant donné qu’elle avait cherché à marcher à mon rythme. Erika m’avait déjà fait remarquer que quand je ne faisais pas attention, je traçais tout droit sans vraiment penser aux autres. J’essayais de corriger ce défaut quand j’étais en compagnie, mais il fallait croire que cette fois-ci, c’était raté.

En attendant, mon idée de manège hanté était acceptée et en plus de ça, Carrie connaissait le forain. Point positif. Je souris légèrement quand elle me demanda de ne pas me moquer d’elle si jamais elle venait à avoir peux. Personnellement, je trouvais ça drôle les manèges comme celui-là. J’avais plus l’impression de regarder le clip Thriller de Michael Jackson qu’autre chose. Si j’avais bonne mémoire, je riais à chaque fois pendant un film d’horreur. Je me revoyais être le seul entrain de rire au cinéma quand tout le monde criait. Peut-être que cette fois-ci encore, j’allais être le seul à rire. Enfin, en attendant, je n’entendais que des cris venant du manège.

« Promis, je ne rigolerais pas de toi, mais du patin qui t’aura fait peur ! »

Je suivis Carrie dans la file d’attente. Il n’y avait que cinq personnes devant nous et si je comptais bien, nous passerions juste après eux, donc pas de quoi attendre des plombes. Dans cinq minutes maximum notre tour viendrait.

Peut-être qu’elle ne regardait pas où elle marchait, mais je continuais à penser que c’était de ma faute si elle m’était rentrée dedans. Non seulement j’avais marché trop vite pour elle et en plus de ça, je ne m’étais même pas manifesté quand je m’étais arrêté. Enfin bon, je m’étais excusé et je ne pouvais pas vraiment faire grand-chose d’autre. Aussi, je laissais tomber ce point là, me promettant juste de faire attention pour après et ne pas recommencer parce que là…

Nous faisions la queue pour aller dans le manège et je promettais de ne pas me moquer d’elle si jamais elle venait à avoir peur. Pourquoi est-ce que je me moquerais ? J’aurais été plus jeune, je ne m’en serais pas privé, mais là… Et bien, il fallait prendre conscience de la peur des autres et se dire que c’était normal que certaines personnes aient peur. La peur des uns n’était pas forcément la peur des autres.

« Exactement ! » répondis-je lorsque Carrie fit référence au film d’horreur que nous avions été voir.

C’était étonnant d’ailleurs qu’elle se souvienne de ça. Enfin bon, ça choquait tout le monde quand je rigolais devant un film d’horreur. Après, on s’y habituait quand on y allait plusieurs fois avec moi.

La file avançait plutôt bien étant donné que nous n’étions pas nombreux. Je ne comprenais pas pourquoi les gens évitaient au maximum de venir dans ce manège. C’était un des meilleurs qu’il y avait. Bon, okay, il y avait les sensations et tout, mais ça ne changeait pas grand-chose parce que les manèges hantés, c’était bon pour donner un petit coup d’adrénaline.

Une fois au guichet, je laissais Carrie gérer les négociations avec le forain qu’elle semblait bien connaitre. D’ailleurs, il semblait content de voir ma sœur de cœur. J’ignorais depuis combien de temps ils ne s’étaient pas vus, on dirait bien que ça faisait un petit bout de temps quand même. Je laissais Carrie faire et saluais le dit « Pierre » d’un signe de la tête quand ma sœur de cœur se mit à nous présenter rapidement. Je ne savais pas trop quoi faire d’autre étant donné que je ne le connaissais pas. Mais bon, comme j’étais poli, il fallait bien l’être avec tout le monde.

Une fois les billets en main, nous nous plaçâmes dans la deuxième file d'attente qui n'en était pas vraiment une étant donné que les cinq personnes devant nous étaient ensembles et que par conséquent, elles montaient toutes dans le même wagon.

« C’est très impressionnant » fis-je.

Pour le coup, Carrie pouvait être fière d’elle car ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir des places gratuites dans certains manèges de cette fête foraine. La plupart des forains était un peu radin et s’ils pouvaient faire payer un maximum, ils n’hésitaient pas. Je le savais un peu par expérience avec toutes les fois où j’étais venu ici.

Je pris le billet qu’elle me tendit et le gardais tranquillement dans ma main pendant que me sœur de cœur était entrain de maltraité le sien. Franchement, pour elle, ils auraient dû faire des tickets en plastique rigide afin d’éviter qu’il ne devienne un morceau de papier tout flasque comme celui que Carrie tenait entre ses doigts. Je connaissais la raison de son stress, c’était les cris de ceux qui se trouvaient actuellement dans le manège. Cependant, si on y prêtait bien attention, on pouvait aussi entendre quelques rires. Mais évidemment, quand on angoissait pour quelque chose, on entendait toujours le pire et jamais le meilleur. Ca ne s’expliquait pas, c’était ainsi.

« Respire Carrie, sinon, tu vas avoir besoin d’un bouche à bouche ! »

Ma sœur de cœur avait un peu perdu de sa couleur naturelle, mais ça allait vite revenir une fois le manège passé. D’ailleurs, notre tour arriva assez rapidement et je donnais mon ticket nickel, ce qui contrastait avec l’état dans lequel se trouvait celui de Carrie. Mais le forain ne dit rien et se contenta d’observer un peu l’état du ticket. Nous nous installâmes dans notre wagon. Personnellement, je me sentais assez relaxe alors que c’était limite si ma voisine était crispée sur son siège et manquait de faire une crise d’hystérie d’une minute à l’autre.

« Ca va bien se passer » dis-je pour essayé de la rassurer. « Dis toi que rien de tout ça n’existe et que ce n’est que des pantins mal fait. Parce que crois-moi, la plupart du temps, ils sont ultra mal fait ! »

Je le savais par expérience aussi. Généralement, ce n’était pas comme dans les films où les effets spéciaux étaient ultra bien fait et donnait l’impression d’être ultra réel. Là, il n’y avait aucun effet spécial donc, ils faisaient avec les moyens du bord. Aussi, notre wagon se mit en route et les portes du manège hanté s’ouvrirent. Aussitôt, nous nous retrouvâmes dans le noir complet et la main de Carrie vint agripper la mienne.

Je le savais que j’avais raison en lui disant qu’il fallait qu’elle respire. Elle allait me claquer dans les doigts sans que je ne comprenne rien à ma vie. C’était flippant quand même de se dire que j’allais rentrer dans un manège avec une personne totalement consciente puis en ressortant, j’aurais un macchabé dans les bras au lieu de ma Carrie toute pimpante et pleine de vie.

« Mais ouais ! C’est qu’un manège, pas de quoi en faire un flan, t’inquiète ! Et puis, j’serais là pour te protéger ! »

Ouais ça faisait un peu le mec qui se prenait pour le prince charmant, mais Carrie n’était que ma sœur de cœur donc je serais son frère charmant ? Bon, ça n’avait aucune logique, j’en étais bien conscient, mais c’était juste pour une comparaison.
Nous entrâmes dans le manège et la main de Carrie serra la mienne de toutes ses forces. Bon, ce n’était rien comparé la fois où Erika avait accouché de Kathleen ! Là, ma main avait été broyée et quelque chose de bien ! Un squelette apparut du plafond et je me mis aussi sec à rire accompagné de Carrie dont le rire était nerveux.

« Hé tu te souviens dans le labo de science le squelette ? On l’avait appelé Oscar ! On l’a retrouvé ! »

Du jour au lendemain, ce squelette avait disparut et on ne l’avait plus jamais revu. On ignorait tous où il était passé, même si la probabilité qu’il soit parti à la poubelle était grande. Mais là, ça me faisait rire de me dire que c’était lui qui venait d’apparaitre sous nos yeux.
Une imitation d’éclair surgit et m’éblouis quelques instants, faisant apparaitre une espèce de loup-garou qui bavait une espèce de mousse et qui s’approchait à chaque fois que la pièce s’illuminait.

« Yeah ! Le casting de Twilight est de retour ! »

C’était étonnant quand même que les gens aient peur de ce genre de manège alors que c’était tellement grotesque… Franchement, c’était mal fait ! Je ne comprenais pas pourquoi les gens hésitaient à faire la queue ici. Enfin bon, Carrie avait quand même acceptée de venir avec moi et puis, j’étais quand même là pour rendre la chose plus humoristique. D’ailleurs, je commençais bien avec Oscar le squelette des cours de science. Il avait disparu du jour au lendemain et c’était fâcheux parce que je l’aimais bien, mais bon… Tant pis. Par contre, j’étais étonné que Carrie le sache parce que c’était bien la première personne qui me disait qu’elle savait ce qu’il lui était arrivé.

« Vas-y dis moi ! J’sais pas ce qu’il lui est arrivé à ce pauvre squelette. »

Les profs avaient pété un plomb quand ils s’étaient rendus compte qu’Oscar avait disparut. Les cours sur le squelette humain avaient été plus difficile sans lui parce qu’il était parfait comme exemple visuel. Enfin bon, nous n’étions pas morts, mais du coup, ils avaient dû en commander un autre. J’ignorais si on leur en avait donné un autre car j’avais arrêté mes études assez rapidement après avec l’arrivée de Kathleen etc… Pour nourrir ma petite famille, il fallait bien que je travaille et du coup bah tout avait été un peu précipité. Enfin, ce n’était pas pour ça que je regrettais quoi que ce soit. Si c’était à refaire, je le referais, c’était certain. Peut-être avec quelques éléments en moins, comme mes pétages de plomb, mais si je ne les avais pas fait, il était certain qu’aujourd’hui, ce ne serait pas ainsi. Se serait autrement. De façon positive ou négative ? Je ne saurais le dire, mais le présent ne serait plus le même.

Le monstre suivant, après le squelette, était une espèce de loup-garou mal fichu qui faisait plus rire que peur. Personnellement, je verrais un loup-garou comme celui-là dans la réalité, je lui rirais plus au nez qu’autre chose. Voir ce pantin m’avait directement fait penser au casting Twilight. Aussi, une drôle d’histoire me vint en tête. Je m’imaginais bien ce pantin avoir postulé pour être le figurant de Jacob Black et être recalé parce qu’il n’était pas assez charismatique. Enfin, en tout cas, ma comparaison avait réussi car j’arrachai un rire à Carrie, ce qui était le but, d’ailleurs.

« Ah bah je ne fais que constater que… Tiens, regarde, le fantôme de la mariée est aussi dans cette maison hantée ! »

Le sujet Oscar avait longtemps été un mystère à l’Université. Malheureusement, j’avais quitté les lieux que quelques temps après que sa disparition ait été déclaré. J’étais très surpris que Carrie sache ce qui était advenu de lui. Enfin, ça ne devrait pas m’étonner de trop étant donné que depuis le temps, ils avaient dû savoir ce qui lui arriver à ce pauvre squelette en plastique. Par contre, je ne m’attendais pas du tout à ce que ce soit elle qui soit derrière tout ça. Aussi, je la regardais avec des yeux ronds quand elle m’expliqua qu’Oscar avait simplement atterrit dans le coffre de la voiture du prof de science. La suite me fit exploser de rire car je ne pouvais qu’imaginer encore plus la scène comme si je l’avais moi-même vécu.

« Comment j’ai pu louper un truc pareil ?! Pourquoi tu m’as pas raconté ça, franchement ? »

Je n’arrivais pas à m’arrêter de rire parce que je voyais trop la tête du prof ! Ce n’était pas dur de se l’imaginer, mais ca aurait été encore plus drôle de le voir en directe parce que la réalité était toujours cent fois plus drôle que l’imagination. Mon niveau de rire imaginaire était déjà assez énorme en soit alors je n’avais pas trop de difficulté à me dire que si j’avais assisté à la scène, je ne m’en serais sans aucun doute jamais remis. Je pensais même que je me serais fait griller parce que je n’aurais pas pu m’empêcher de rire comme un malade.

Le manège continuait d’avancer et j’avais tout de suite vu arriver le fantôme de la mariée. Carrie le remarqua trop tard et poussa un cri quand il passa juste au dessus de nos têtes. Instinctivement, je me baissais histoire de ne pas me manger la robe poussiéreuse dans la tête. Ma sœur de cœur, c’était une autre histoire parce qu’elle était encore entrain de crier quand la robe lui passa dessus. J’avais un sourire amusé de peint sur les lèvres avec la tête qu’elle tirait, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’adorer ses têtes de terrorisés quand elle les faisait. Je devrais les prendre en photo un jour, ça ferait de chics souvenirs.

« Bah il fallait bien que je te prévienne, sinon, tu aurais pu battre Erika sur le broyage de main. »

Ma pauvre main avait souffert le jour où elle avait mis au monde Kathleen. Comme tous les pères en fin de compte ! Mais là, il semblerait qu’à ce rythme, Carrie allait finir par la devancer, même si techniquement, ce n’était pas pour la même raison qu’on me serrait la main. Enfin bon… on allait dire que j’étais un habitué. Un vampire surgit brusquement si bien que mes yeux s’écarquillèrent de surprise, mais je n’eus absolument aucune montée d’adrénaline ni rien. En fait, c’était de la surprise sans en être quoi.

« Ah nan, lui il brille pas ! Lui il sort d’un film de vampire série B ! »

Franchement, j’espérais qu’ils avaient quand même un bon monstre en stock là, parce que même ma Kathleen n’aurait pas peur ! Je n’allais pas dire qu’elle n’avait peur de rien, mais il suffisait qu’elle soit équipée de Cookie, sa girafe, et c’était parti. J’avais une aventurière pour petite fille donc je pouvais être fier.

Il ne m’était pas difficile d’imaginer la tête de notre prof de biologie quand il avait découvert le squelette de ce bon vieux Oscar dans le coffre de sa voiture. Ce prof avait une tête qui ne s’oubliait pas et justement, jamais je ne l’oublierai. Enfin, toujours est-il que je ne comprenais pas pourquoi Carrie ne m’avait pas invité à faire un coup pareil parce que moi, j’aurais signé directement, sans chercher à comprendre. Il fallait dire aussi qu’à l’époque, j’étais le numéro un pour faire des conneries, même si elle m’attirait des problèmes. Je n’avais pas peur de me faire renvoyer ni quoi que ce soit. Bon, rien n’avait changé en moi, j’étais toujours le même, mais avec quelques années en plus et une petite fille.

« Maiiiis il ne fallait pas avoir honte ! Un truc pareil, il faut pas en avoir honte ! »

Au contraire, il faut en être fier parce que des idées lumineuses comme celle-ci, tout le monde n’en avait pas. C’était une idée que j’aurais très bien pu avoir, mais je ne l’avais pas eu. Peut-être que j’avais quitté l’école avant de l’avoir. En tout cas, Carrie l’avait eu, cette idée, et du coup, moi j’étais fier d’elle ! Je n’allais pas me choquer d’apprendre un truc pareil, bien au contraire. J’en riais. Ca rendait ce manège fantôme un peu moins glauque même si j’étais très loin d’avoir peur. Il faudrait un truc vraiment beaucoup plus pire que ça pour que je sursaute. Mais ma sœur de cœur, elle, il ne lui fallait pas grand-chose.

Ma main se retrouva légèrement broyée tellement elle avait eu peur par le fantôme de la mariée. Pourtant, ce n’était qu’une tête de poupée accrochée au col d’une robe blanche. Il n’y avait rien de flippant là-dedans. Bon, peut-être aussi parce que j’avais l’habitude des manèges fantômes contrairement à Carrie qui avait eu quelques réticences à grimper là-dedans. Mais bon, on était adulte maintenant donc il n’y avait plus vraiment de raison de flipper de tout ça. Tout le monde savait que ce genre de monstre n’existait pas. Ils avaient été inventés pour créer des personnages d’histoire. Rien de plus, rien de moins.

« Désolé, j’ai pas eu le temps de te prévenir qu’elle arrivait. Mais si je te l’avais dit, ça n’aurait pas changé grand-chose étant donné que je l’ai vu venir une ou deux secondes avant toi. Et… T’inquiète pas pour ma main, elle a vu pire ! »

Rien ne pouvait être pire qu’une femme entrain d’accoucher. Je n’avais jamais autant eu mal à ma main de toute ma vie. J’avais eu l’impression qu’Erika me broyait les os ce jour-là. J’avais été à la limite de demander au médecin si elle ne m’avait rien cassé, mais je m’étais retenu parce qu’Erika m’aurait insulté. Le taux d’hormones était trop grand pour que nous, les hommes, ayons quoi que ce soit à dire. Déjà ses sauts d’humeur pendant sa grossesse n’avaient pas été faciles à vivre, mais le jour de l’accouchement, c’était sans aucun doute le pire !

Après notre belle mariée, nous eûmes le droit à un vampire qui ressemblait vaguement à Dracula. Heureusement qu’on en faisait des plus beaux que lui à la télévision parce que sinon, celui-là casserait sérieusement le mythe et personne ne craindrait les vampires. Limite, on partagerait notre pop-corn avec lui. Enfin, Carrie était d’accord avec moi sur le coup. Et de un qu’elle n’avait pas eu peur. Peut-être que le reste suivrait ? Mais je n’y croyais pas trop. Après tout, peut-être que ça allait être de pire en pire au fur et à mesure qu’on avancerait ? En tout cas, il était vachement long ce manège pour un petit truc. Au moins, on en aurait pour notre argent, même si on était entré gratos grâce à Carrie.